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30 septembre 2013

Silvia Avallone, D'acier: à la découverte de l'Italie du début des années 2000

Il y a des livres qui perturbent, qui gênent et poussent à la réflexion. Il y a des auteurs qui ont vécu dans des paysages, des villes, dont ils savent rendre l'ambiance à la perfection. Et puis il y a les lecteurs qui tentent d'en faire un résumé et qui sentent que ça va être difficile. J'avoue d'emblée que l'article va être brouillon car à l'intrigue se mêle une multitude de thèmes et il est difficile de tout dire en quelques lignes...ou alors je vous assome avec un article de plusieurs pages, sic!

dacier

D'acier (Acciao en italien) a pour cadre la ville de Piombino en Toscane, ville industrielle, spécialiste de l'acier, qui fait face à la célèbre et touristique île d'Elbe. Dans cette ville, l'auteur se concentre sur les quartiers populaires, notamment la via Stalingrado. Et dans ce quartier, on étudie deux appartements, situés réciproquement aux 3è et 4è étages du bloc 7. A l'intérieur de chacun, une adolescente de 13, Francesca et Anna. Et en une année, leur vie bascule...

Le roman est brutal, comme la vie que mène les habitants du quartier: les hommes travaillent à 90% aux acieries et se disputent avec leur femme lorsqu'ils passent la porte de l'appartement. Les épouses ont arrêté l'école à 16 ans, travaillent au café ou à la supérette et s'arrêtent dès qu'elles sont enceintes (voire tombent enceintes et ne travailleront jamais). Et les enfants grandissent dans la rue, sont élevés et s'élèvent dans les cours entre les immeubles, jouent et découvrent la vie en allant à la plage où ne se rend aucun touriste. Et le modèle se répète et personne ne quitte son quartier.

Parmi eux, Fransesca et Anna se posent des tonnes de question: les études ou le travail dès la fin du collège? Se marier à quelqu'un du quartier ou quitter cette ville et ce quartier étouffant? Reproduire le schéma familial raté ou changer de vie? Elles ont 13 ans et se disent déjà qu'elles n'ont pas la vie devant elles sauf si elles luttent de toute leur force. Autour d'eux, la famille, les autres amis freinent leurs ambitions ou les entraînent dans des expériences imprévues...Et puis la fissure, l'amitié qui unit Francesca et Anna se brise: que faire quand sa meilleure amie vous laisse tomber?

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Sorti en 2011, le premier roman de Silvia Avallone a été un véritable succès. Et moi, comme d'habitude quand il y a un succès, je me suis dit qu'il y avait anguille sous roche et que j'allais attendre. Finalement, heureux coup du destin, c'est mon ancienne professeure d'histoire géo du collège qui me l'a prêté (ben quoi, vous gardez pas contact avec vos anciens profs d'histoire géo vous? ^^). Mais le roman m'a véritablement hypnotisé. Les questionnements des adolescentes ressemblent à ce que peuvent ressentir les ado encore aujourd'hui. La ville et son usine sont décrites comme étant une personne puissante et indépendante qui scelleraient le destin de milliers de personnes. Mais je vais tenter de vous donner trois raisons de lire cet ouvrage.

1) J'ai eu l'impression de retrouver l'énergie que je retrouve chez certains de mes élèves: cette rage de vivre, le fait de ne pas vouloir faire comme leurs parents, le fait d'aimer et de détester leurs parents ou leurs amis proches à quelques minutes d'intervalle. Il y a aussi la peur et les interrogations que peuvent avoir les enfants qui grandissent: mon corps comme arme de séduction? Jusqu'à quel point? Il y a une réelle interrogation sur la place de la femme dans la société italienne qui est posée et le regard de ilvia Avallone sur le sujet est sans concession.

2) Parce que l'Italie ouvrière du début des années 2000 n'est pas si différente de ce que l'on a connu ou que l'on connaît dans le NPdC. La place de l'industrie et les plans de restructuration, le chômage et la pénibilité du travail pour des salaires qui ne sont pas élevés. La figure de Silvio Berluscone, "El cavaliere" plane déjà en 2000-2001. Et il y a le reste du monde: ce monde que représente l'île d'Elbe, à la fois si proche et si inaccessible pour les habitants de ce quartier italien et le monde qui entre dans la télé italienne le 11 septembre 2001. Un monde dont les habitants de Piombino regardent avec méfiance et désinvolture.

3) Silvia Avallone a vécu à Piombino. Elle a 25 ans quand son roman paraît et cela a autant été source de notoriété que de colère. Notoriété pour l'auteure qui offre un premier roman qui nous fait sourire et pleurer en quelques lignes. Colère de la part des habitants de Piombino qui se sont sentis salis, rabaissés, présentés comme des "gens pas très éduqués". La fierté en prend un coup et le quartier dans lequel on vit parait alors décrédibilisé. Cet "après parution" a été analysé par l'auteru elle-même dans le télérama de mi juillet dont l'article est en ligne avec ce lien http://www.telerama.fr/livre/silvia-avallone-l-italie-avait-envie-de-croire-en-une-existence-de-jouissance,100443.php

Le roman est devenu film et est sorti en juin 2013. Je ne l'ai pas vu mais la bande-annonce se trouve sur le site de Télérama. Bonne lecture en espérant qu'il vous laissera une impression aussi forte que celle qu'il m'a laissé.

N.B: Votez pour le défi d'octobre...ou le prochain article sera un article sur le CAC 40 et l'économie mondiale (niakniakniak, rire de méchante ^^).

 

 

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