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30 octobre 2013

La vie d'Adèle ou l'évolution d'une histoire d'amour avant tout!!! (Abdellatif Kéchiche, 2013)

En général, j'avoue que je ne regarde que très rarement les films primés à Cannes. Souvent, je me demande ce qui s'est passé dans la tête du jury au moment du choix. Mais peut-être que cela me fait cet effet depuis la victoire d'Entre les murs de François Bégaudeau dont je n'avais pas aimé le livre. Bref...Mais on peut avoir aussi de très belles surprises et La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche en est une. Primé à Cannes en Mai 2013 et en salle depuis début octobre, mon avis est simple: le film est magnifique.

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J'avoue que je passe toute la controverse qui existe sur le caractère du réalisateur et ses relations avec les actrices principales, et avec les techniciens. Cela ne veut pas dire que ce n'est pas important, mais la manière dont ces informations ont été mises au jour ont porté préjudice au film. Je suis d'abord partie voir le film avec mon meilleur ami (mon comparse de toujours, aimant autant le ciné que moi^^) afin de voir comment était traitée cette histoire d'amour alors que la loi sur le mariage pour tous vient d'être acceptée. Mais l'histoire va bien plus loin et ce que je vais tenter d'expliquer.

Adèle est une lycéenne habitant le bassin minier et faisant ses études au lycée Pasteur à Lille. En filière littéraire, nous suivons son parcours familial, scolaire et amoureux. Années lycée qui correspondent pour Adèle à deux années de bouleversement. Au cours d'une sortie avec son meilleur ami gay, ses premières interrogations se confirment: Adèle est attirée par les femmes. Ou plutôt par une femme: Emma, 22 ans, étudiante des Beaux Arts aux cheveux bleus, croisé quelques semaines plus tôt dans les rues de Lille. La passion, l'amour, la découverte de l'autre, le regard des autres, la sincérité ou la dissimulation face aux familles...

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Quelques années plus tard: Adèle vit avec Emma. Adèle est professeur des écoles et Emma travaille à la préparation de sa 1è exposition. Mais l'histoire d'amour s'essouffle: Adèle cherche sa place, cherche à sauver son couple tout en étant désemparée face à l'éloignement qui se crée avec Emma...Puis, c'est la fin de l'histoire d'amour et on suit Adèle dans  ses égarements, sa volonté de retrouver Emma, sa résignation, sa souffrance, sa volonté de s'en sortir sans oublier.

Je me rends compte que mon résumé peut paraître brouillon mais il est surtout évocateur sur le fait que le film m'a marqué. On en a beaucoup discuté avec mon meilleur ami, j'ai pas mal cogité sur la question (deux jours puisque je l'ai vu lundi) et ce film continue de me toucher. Pourquoi? 3 raisons:

1) Je comprends pourquoi le réalisateur ne voulait pas dire de son film qu'il était engagé: plus qu'une relation homosexuelle, c'est une véritable histoire d'amour qui se joue devant nous: la séduction, la passion, le défi que représente le poids du quotidien face à l'amour, le déchirement et le fait de tenter de se relever d'une rupture (et là j'ai versé ma larme, c'était obligé). Les 2 actrices, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos sont magnifiques et portent le film durant ses trois heures qui passent très vite. Je comprends toutefois le désir de certaines personnes d'en faire un film engagé: Adèle dans le film explose de colère lorsqu'une de ses "amies" la traite de "gouinasse".

2) En toile de fond, il y a aussi la confrontation de 2 mondes, de deux catégories sociales. Emma vient d'une famille assez aisée financièrement, où la culture a une grande place et où les parents laissent Emma se chercher, chercher sa voie, ses motivations. Adèle vient d'une famille ouvrière, où l'amour se ressent fortement, comme une bulle de chaleur. Mais la culture n'est pas ce qui est essentiel: l'essentiel est de trouver un métier où la sécurité de l'emploi prime...si après le métier est passionnant, c'est un plus. Et ces deux univers s'allient, se découvrent et s'affrontent tout au long du film. Le plat de spaghetti de la mère d'Adèle en est un témoin parfait (je ne vous rien de plus). Personnellement, je me suis reconnue en Adèle lorsqu'elle entre dans une galerie d'art et qu'elle s'interroge sur ces personnes qui peuvent commenter des tableaux à tout bout de champ alors qu'elle-même n'a aucun avis sur la question.

3) Pour une fois qu'un film se tourne chez nous, autant insister. J'exagère je le sais, mais j'ai eu plaisir à regarder le film et à me dire "Mais je parcours toujours cette rue" ou "mais je reconnais ce monument, ce canal, ce resto"...Personnellement, ça a crée un lien supplémentaire avec le film. Et puis, ajoutons que pour une fois, la région n'est pas synonyme de ciel gris et de pluie.

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Pour terminer, je vous conseille vivement de voir ce film qui est vraiment émouvant. Et pour ceux qui auraient entendu parler des scènes de sexe dans le film: oui, elles sont pas mal présentes et oui, elles peuvent finir par mettre mal à l'aise...mais je pense que c'est surtout parce que le sexe est du domaine du très intime et qu'on préfère garder cela pour soi. Sur ce, bon film (et je m'excuse de cet article si long cette fois-ci ^^). Et voici la bande-annonce:

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Commentaires
J
Excellent article ma Mutti mais je me rends compte que tu as raconté toute l'histoire finalement ou presque. J'ai le même avis que toi sur le film: ce n'est pas un film seulement à propos des lesbiennes. Si le chapitre 1 peut se voir comme du militantisme gay, le chapitre 2 s'égare dans d'autres contrées: c'est ici une histoire de couple qui après des années se pose des questions. Les scènes de sexe vont peut être un peu loin certes et ne sont pas essentielles dans leur longueur mais on ressent plus un malaise lorsqu'on s'identifie à Adèle et ses sentiments. Les 3 heures passent extrêmement vite et une 4e ne m'aurait même pas dérangé. Tout comme toi, je me suis reconnu en Adèle ma Mutti: surement parce que je suis gay, issu d'un milieu ouvrier et sortant avec une personne ayant une meilleure origine et situation sociale que moi (le côté bobo en moins). Tout ce qui se passe en coulisses finalement n'a que très peu d'intérêt et comme toi, je suis fier que ma ville en soit le lieu de l'action, même ma rue. Le coup du mariage gay a surement contribué à lui attribuer la palme d'or faisant dire à madame Crottin Boutin que nous sommes envahis de gays. Espèce de jalouse car tu sais très bien qu'on n'attribuera jamais de palme d'or à un film qui parle d'une histoire d'amour consanguine entre cousins germains consentants.
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